Face à la pression sociale, les autorités nigérianes ont annoncé lundi l’assouplissement des mesures de confinement. Mais la situation reste complexe compte tenu notamment de l’indiscipline de la population et des croyances locales.

Depuis que le Nigeria a déclaré son premier cas de Covid-19 le 27 février dernier, le nombre d’infections a augmenté de manière lente et graduelle. En début de semaine, le pays comptait 2 802 cas confirmés, pour 417 guérisons et 93 décès. Les autorités fédérales ont pourtant décidé d’alléger les mesures de confinement dans les principales villes du pays dont Lagos, Abuja et Kano. Elles n’avaient pas trop le choix face à la pression sociale, aux violences et aux pillages de ces dernières semaines. Dans ce pays d’au moins 200 millions d’habitants, plus de 80 millions de personnes vivent sous le seuil de l’extrême pauvreté et dépendent fortement du secteur informel pour survivre.

« Beaucoup de Nigérians pensent que cette maladie n’existe pas et qu’on les manipule »

Malgré l’amorce du déconfinement, la situation reste complexe au Nigeria. Par exemple à Kano, mégalopole commerciale et industrielle du nord, plusieurs dizaines de personnes sont mortes du coronavirus, bien qu’elles ne soient pas enregistrées dans les statistiques officielles. Aussi, la population ne respecte pas les mesures sanitaires mises en place par l’Etat, comme les gestes barrières et le port de masques. Ainsi, constate-t-on du monde devant les banques, dans les transports ou au marché. « Beaucoup de Nigérians pensent que cette maladie n’existe pas et qu’on les manipule. Certains de ces préjugés sont véhiculés par des personnalités respectées, des leaders d’opinion auxquels les Nigérians accordent une confiance sans faille » constate le professeur Balarabe Sani Garko, médecin interne à l’hôpital de Zaria (nord).

L’OMS met en garde contre les tentations de déconfinement

Il pourrait donc survenir une vague de contamination majeure. Or le Nigeria n’a pas les moyens d’y faire face. « Nos ressources sont limitées, reconnaît le professeur Isa Abubakar Sadiq, directeur du Centre de contrôle des maladies (NCDC) à Kano. Nos plateformes d’aide ne sont pas capables de répondre à tous les appels téléphoniques. Beaucoup de gens se plaignent de ne pas réussir à avoir un médecin au téléphone, ou bien de voir nos équipes arriver trop tard. Ces problèmes sont liés à un manque d’effectifs, la demande est trop forte. Résultat, nous n’avons pas été en mesure de tester suffisamment de monde ».

Face à cette situation commune aux pays d’Afrique subsaharienne, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde les gouvernements contre les tentations de déconfinement. Elle préconise, avant tout, de lancer de vastes campagnes de dépistage. Pour aider le Nigéria dans cette tâche, l’organisation a décidé d’envoyer 3 000 agents épauler les médecins locaux.

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