Alors que les Etats Unis sont frappés de plein fouet par la pandémie de coronavirus, l’administration Trump a demandé jeudi soir à la Cour suprême américaine d’abroger la loi Obamacare, l’un des symboles de la présidence Obama. Elle avait notamment permis à près de 20 millions d’Américains d’accéder à une couverture santé.

Malgré plusieurs tentatives infructueuses, Donald Trump revient à la charge sur l’Obamacare. Son administration a demandé jeudi à la Cour suprême américaine d’abroger cette loi, qui a instauré l’assurance santé emblématique de l’ex-président démocrate Barack Obama. Approuvé en 2010 malgré la farouche opposition des républicains, Obamacare a permis d’assurer près de 20 millions d’Américains supplémentaires mais n’a cessé d’être contesté dans l’arène politique et en justice.

Une décision attendue après la présidentielle

Donald Trump en avait fait l’une de ses promesses de campagne en 2016. Il a aussi juré d’abroger cette loi s’il est réélu. Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, plus de sept millions de personnes ont perdu leur assurance, selon l’institut Gallup. En 2017, les élus républicains sont parvenus à supprimer l’amende sanctionnant l’absence d’assurance. Plusieurs États républicains ont alors introduit de nouveaux recours en justice plaidant que la loi ne tenait plus. En décembre 2018, un juge fédéral conservateur du Texas leur a donné raison, jugeant que toute la loi devenait inconstitutionnelle. Un jugement partiellement validé en appel en décembre 2019 par une cour fédérale. Celle-ci a jugé illégale l’obligation de s’assurer, mais laissé à un autre tribunal le soin de juger si la loi était intégralement nulle.

Les démocrates ont saisi à leur tour la Cour suprême qui a accepté début mars de réexaminer Obamacare, qu’elle avait déjà validé en 2012 et 2015. Les premiers débats ne devraient avoir lieu qu’à l’automne. Et il faudra attendre probablement après l’élection pour une décision.

Un « acte de cruauté en ces temps de pandémie »

Inévitablement, le sujet de la santé, déjà au cœur de la campagne, risque d’occuper une grande place dans les débats entre Donald Trump et Joe Biden. Le président américain dénonçait encore, le samedi 27 juin, sur Twitter, une Obamacare trop coûteuse. Pour les démocrates, cette nouvelle charge de l’administration Trump est une manœuvre honteuse. Vendredi, Nancy Pelosi a parlé « d’acte de cruauté en ces temps de pandémie ». « Au cœur de la pandémie, la Maison Blanche, en plein milieu de la nuit, a saisi la Cour suprême pour renverser l’Obamacare. Par-là, ils disent aux Américains, vous n’aurez plus droit à un système de santé de qualité. », a déploré la présidente de la chambre des représentants.

Selon Nancy Pelosi, 130 millions d’Américains avec des antécédents médicaux pourraient perdre les garanties de l’Obamacare et jusqu’à 23 millions de personnes risquent de se retrouver sans aucune assurance. « Il n’existe aucune justification légale et aucune excuse morale pour les efforts désastreux de l’administration Trump en vue de démolir la couverture sanitaire », a-t-elle encore dénoncé. Les États-Unis sont actuellement le pays le plus endeuillé par la Covid-19. Le pays déplore plus de 120.000 morts.

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