Les médecins du privé en France seraient bien aidés de connaître leurs patients déjà vaccinés et ceux qui ne le sont pas encore. Problème, l’autorité chargée de veiller sur ces données n’est pas très emballée à l’idée de les partager. Au risque de handicaper la stratégie vaccinale du pays ?
Les Français peuvent compter sur la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) pour veiller sur leurs données personnelles. La sécurité de cette mine d’informations jamais à l’abri d’une potentielle exploitation malveillante, est un principe inaliénable pour la Cnil. Et même une crise d’une ampleur aussi planétaire que le Covid ne change pas cela. En témoigne la réticence de cette structure à fournir aux médecins actifs dans le privé la liste des Français ayant déjà sacrifié à la vaccination.
Alors que le gouvernement s’y est déjà montré favorable, la réponse de la Cnil se fait toujours attendre sur le sujet. En cause, l’insuffisance de garantie de sécurité à propos de ces données contenant à la fois des informations d’ordre médicales et personnelles. Inquiétude d’autant plus grande que l’avis de la Cnil aurait dû déjà intervenir.
Aujourd’hui, l’enthousiasme a laissé place au pessimisme dans le rang des médecins quant à la possibilité pour eux de disposer de cette liste.
L’enjeu de la mobilisation des réticents
Pourtant, ces médecins libéraux auraient bien besoin de cette fameuse liste. Notamment pour identifier les patients qui restent encore à convaincre de se faire vacciner et ainsi s’y atteler comme le souhaite l’exécutif. Ce dernier à travers le ministre de la Santé, Olivier Verran, a en effet promis il y a plusieurs jours de faire preuve de diligence auprès de la Cnil dans ce sens. Car, le temps presse et la menace d’un rebond de l’épidémie en France, accentuée par le variant Delta notamment, devient de plus en plus prégnante. Une situation favorisée par le ralentissement de la vaccination à travers le pays.
À ce jour, la moitié des Français a déjà reçu une première dose de vaccin anti-Covid. Mais l’objectif des 40 millions de vaccinés, dont les personnes les plus à risques d’ici août, reste pour l’instant illusoire. À tel point que les chercheurs s’alarment d’un tableau sanitaire qui pourrait à nouveau se dégrader dès l’automne.
Le gouvernement aussi s’inquiète, mais il a les mains liées face aux tergiversations motivées de la Cnil. Certains médecins relativisent toutefois l’importance de cette liste des vaccinés. Car si la sensibilisation peut s’avérer décisive, le dernier mot revient aux individus eux-mêmes.
