Bercy devrait proposer, d’ici la fin du mois d’avril, une nouvelle réforme des titres-restaurant. Un sondage révèle que plus de neuf bénéficiaires sur dix souhaitent continuer à les utiliser en rayon. De leurs côtés, les professionnels (restaurateurs, boulangers, traiteurs, etc.) réclament un relèvement du plafond des achats.
Le gouvernement devrait présenter, d’ici à la fin du mois d’avril, sa réforme des titres-restaurant. Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, recevra jeudi prochain les organisations syndicales du secteur de la restauration et de la distribution pour en discuter. La commission nationale des titres-restaurant (CNTR) participera à la réunion.
Réflexion sur le fonctionnement des titres-restaurant
Au cours de cette rencontre, les parties évoqueront la généralisation de la dématérialisation des tickets-restaurants, prévue avant 2026. Elles aborderont également l’utilisation des titres-restaurant pour les courses alimentaires et leur usage par des proches. L’année dernière, l’utilisation pour les achats en supermarché avait déjà déchaîné les passions au point de motiver une réforme du gouvernement.
Des tickets initialement destinés à assurer aux salariés un déjeuner correct
La CNTR notamment avait pointé un « dévoiement» du dispositif, utilisé par 5,4 millions de salariés en France. L’organisme paritaire a rappelé qu’à l’origine, le titre-restaurant n’est pas un chèque caddie, ni un coup de pouce sur le pouvoir d’achat. Mais seulement un titre spécial de paiement destiné à assurer aux salariés un déjeuner correct.
Les titres-restaurant étendus aux produits non directement consommables
Instauré dans les années 1960, le ticket-restaurant permet au travailleur de payer son repas s’il n’y a pas de cantine ou de restaurant dans son entreprise. Il offre aussi la possibilité de faire des achats chez des commerçants (boulangers, traiteurs…). En 2022, le titre a été étendu aux produits non directement consommables (farine, pâtes, riz, viande, etc…) des grandes enseignes, au grand dam des restaurateurs.
Neuf salariés sur dix favorables à la prolongation de l’élargissement
En 2023, le gouvernement a prolongé cette extension d’un an, jusqu’en 2024, dans un contexte d’inflation. Il avait également exprimé son intention de la pérenniser compte tenu de la demande. En effet, selon une étude menée par Viavoice pour la Commission nationale des tickets restaurants (CNTR), 96% des bénéficiaires sont favorables à la prolongation de l’élargissement pour les prochaines années.
Des tickets plus utilisés dans les supermarchés
D’après ce même sondage, les salariés se servent en priorité de leurs titres-restaurant dans les supermarchés (36%). Suivent les restaurants (34%) et les commerces alimentaires (24%). Face à ce constat, l’exécutif souhaite prolonger l’extension aux produits non directement consommables des grandes enseignes. Il envisage aussi de réajuster le plafond des achats.
Un plafond de paiement réservé aux restaurateurs
Actuellement, un salarié peut dépenser 25 euros par jour en titres-restaurant, contre 19 auparavant. La réforme annoncée par le ministère de l’Economie pourrait réserver ce plafond de paiement aux restaurateurs, boulangeries et traiteurs. Parallèlement, elle devrait abaisser le montant pour la grande distribution. C’est d’ailleurs ce que demande la CNTR. Mais une telle décision risque de rompre l’égalité entre les commerces.
Il va falloir régler la question des commissions
D’ailleurs, le gouvernement doit également régler l’épineuse question des commissions. A ce jour, les restaurateurs qui acceptent les titres-restaurants comme moyens de paiement versent une commission de 3 et 5% aux sociétés émettrices. La dématérialisation des titres-restaurant permettra de baisser mécaniquement ces commissions, assure Bercy.