Assommé par la victoire de l’extrême droite aux élections européennes, le président français joue son va-tout en décidant de la dissolution de l’Assemblée nationale pour de nouvelles législatives. Un pari périlleux à tous égards.
La thérapie de choc. Emmanuel Macron a prononcé, dimanche 9 juin 2024, la dissolution de l’Assemblée nationale dans la foulée des résultats des élections européennes du même jour. Un scrutin largement dominé par le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen.
Emmené par son jeune, mais non moins ambitieux président Jordan Bardella, le parti d’extrême droite s’adjuge plus de 30% des voix, loin devant Renaissance, la formation présidentielle et ses alliés, créditée d’un peu plus de 14%. Suit le Parti socialiste avec presqu’autant des voix.
« Les partis d’extrême droite progressent partout sur le continent », a constaté le chef de l’État tout de suite après le comptage des bulletins de vote, dans une allocution à l’endroit des Français.
Un pari osé
« C’est une situation à laquelle je ne peux me résoudre. La montée des nationalistes, des démagogues, est un danger pour notre nation, mais aussi pour notre Europe », a poursuivi Macron, annonçant la convocation de nouvelles élections législatives pour le 30 juin et le 7 juillet prochain.
Il s’agit selon le patron de l’Élysée, de redonner aux citoyens le choix de l’avenir parlementaire français, par le vote. Le président dit avoir « confiance en la capacité du peuple français à faire le choix le plus juste pour lui-même et pour les générations futures ».
De quoi déconcerter l’ensemble de la classe politique. Selon diverses livraisons de la presse, celle-ci n’a en effet pas vu venir une telle décision, qui compte toutefois parmi les prérogatives constitutionnelles du chef de l’État français à travers l’article 12.
…et dangereux ?
L’option choisie par Emmanuel Macron est d’autant plus déconcertante que son issue pourrait produire l’effet contraire à celui souhaité. À en croire le journal Le Parisien, le président parierait, en cas de majorité absolue du RN, sur une révélation de son incapacité à gouverner.
Et pour cause, Marine Le Pen et ses pairs ont longtemps rivalisé de propositions parfois « surréalistes » à propos de la France et au-delà. Reste que cette stratégie n’est pas infaillible. Divers éditorialistes estimant que l’extrême droite pourrait s’avérer habile à l’aune de l’exercice du pouvoir.
Quoi qu’il en soit, la France s’achemine, au cours des prochaines semaines, vers un territoire inconnu. Le pays est en ébullition.