Le Rassemblement National (RN) pourrait prendre la tête du gouvernement à l’issue des législatives des 30 juin et 7 juillet prochains. En cas de victoire, il promet de mettre fin à des décennies de déficits publics, tout en respectant les règles financières européennes. Mais certains économistes en doutent fort.

Après sa victoire aux européennes le 9 juin dernier, le Rassemblement National (RN) pourrait aussi remporter les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochains. Tous les sondages le donnent favori, devant le Nouveau Front Populaire, la coalition de gauche récemment créée pour lui faire barrage. S’il gagnait ce scrutin, le parti d’extrême droite prendrait la tête du gouvernement et dirigerait de facto la France.

Le RN veut réduire à la dette publique française

Cette perspective suscite la crainte de nombreux économistes, pour qui le programme du RN risque d’enfler la dette publique française. En 2023, celle-ci s’est alourdie de manière inattendue à 5,5% du produit intérieur brut (PIB). L’exécutif a dû instaurer des coupes budgétaires pour économiser 20 milliards d’euros.

Les marchés financiers ont également exprimé leurs préoccupations à l’égard de certaines promesses du RN. Notamment la baisse de la TVA sur l’énergie et les carburants. Une telle mesure coûterait 16,8 milliards d’euros en année pleine, selon Bercy. Standard & Poor’s, qui a déjà dégradé le mois dernier la note de crédit de la France, a lui aussi prévenu contre une nouvelle détérioration de la notation.

Le RN a repoussé certaines mesures jugées trop coûteuses

Pour rassurer les marchés, Marine Le Pen joue la carte du sérieux et de l’austérité. Elle a d’ores et déjà annoncé un audit budgétaire au cours du premier mois de son parti à Matignon. La présidente du Rassemblement National a aussi repoussé certaines mesures jugées trop coûteuses par rapport à la situation des finances publiques. Jean-Philippe Tanguy, potentiel ministre de l’économie du RN, affirme de son côté qu’il faudra mettre fin au quoiqu’il en coûte d’Emmanuel Macron.

Selon le probable futur locataire de Bercy, le programme électoral de son parti sera intégralement financé par des économies, des réductions de niche fiscale et de la déréglementation. Jean-Philippe Tanguy pense que la France devrait maintenir l’objectif d’un retour du déficit public à 3% du PIB d’ici 2027. Ce pourcentage correspond au plafond fixé par l’Union européenne.

Et veut laisser telle qu’elles d’autres

« Il faut respecter le Pacte de stabilité du bloc communautaire (…) La signature de la France doit être honorée », a assuré le député de la Somme. Jean-Philippe Tanguy affirme en outre que la BCE pourrait intervenir comme elle l’a toujours fait en cas de dérapages. Enfin, il jure que le RN ne contestera pas les mesures d’attractivité post-Brexit instaurées par Emmanuel Macron pour les banques souhaitant quitter Londres pour Paris. Il précise toutefois qu’il faudra faire attention au volet social.

Jordan Bardella recule sur la réforme des retraites

Pour sa part, Jordan Bardella, qui deviendra premier ministre en cas de victoire de son parti, recule sur la réforme des retraites. Il ne compte plus vraiment l’abroger au prétexte qu’Emmanuel Macron a laissé le pays et la dette dans un état catastrophique. Le jeune homme prévoit d’abaisser l’âge de la retraite à 60 ans pour les carrières longues (démarrées avant 20 ans) avec 40 annuités de cotisation. Comme le disent certains analystes politiques, le pouvoir responsabilise. Et le RN est sans doute en train de constater la réalité de la gouvernance, au grand dam de ses électeurs…

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