Le gouvernement présente son troisième Plan national d’adaptation au changement climatique, mais le scepticisme des experts et des associations reste prégnant.
Un plan en plusieurs étapes : des mesures locales pour un changement global
Le gouvernement français a dévoilé la version finale du Plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc) le 10 mars 2025, avec l’ambition de préparer le pays à une hausse de température de +4°C d’ici 2100. Si ce plan intègre plusieurs ajustements par rapport à la première version, son efficacité suscite toujours des interrogations, notamment sur le financement et les engagements concrets pris envers les secteurs clés.
Dans sa version révisée, le Pnacc met l’accent sur la réalisation d’une cartographie des vulnérabilités, avec une attention particulière pour les infrastructures critiques comme les établissements de santé et les transports. Cette démarche vise à mieux anticiper les impacts du réchauffement sur les territoires les plus exposés, tels que le littoral, les montagnes et l’agriculture.
Une des principales avancées du plan réside dans les mesures destinées à protéger les travailleurs des vagues de chaleur. Parallèlement, une attention particulière est accordée à la préservation des sites culturels emblématiques, tels que la Tour Eiffel ou le Mont Saint-Michel, en les adaptant aux nouvelles conditions climatiques. Toutefois, ces mesures sont jugées insuffisantes par certains experts, qui estiment qu’elles ne couvrent pas l’ensemble des enjeux climatiques.
Dans le domaine de la rénovation énergétique, le Pnacc prévoit d’intégrer le confort d’été dans le calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE). Ce changement vise à rendre les logements plus adaptés à la chaleur, en tenant compte de l’augmentation des températures estivales. Cependant, cette initiative, bien que louable, ne répond qu’en partie aux besoins urgents en matière de construction durable.
Des objectifs ambitieux, mais un financement incertain
L’un des aspects les plus controversés du plan reste sa question de financement. Si le gouvernement annonce une augmentation de 40% des enveloppes budgétaires allouées à l’adaptation, des experts, tels que ceux de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), nuancent ces affirmations, soulignant que les crédits dédiés à l’adaptation restent insuffisants au regard des défis. Les agences de l’Etat, déjà critiquées pour leurs budgets en baisse, peinent à répondre à la demande de financement.
Le plan initialement prévu pour imposer aux entreprises du transport et de l’énergie de mettre en place des stratégies d’adaptation a été révisé. Dorénavant, ces secteurs seront uniquement incités à adopter des mesures adaptées. Ce changement a fait sourciller plusieurs observateurs, qui estiment qu’il réduit l’ambition du plan face à l’urgence climatique.
Les critiques de la société civile, notamment d’Oxfam et du Réseau action climat, mettent en lumière une gouvernance défaillante et des fonds limités. Selon ces ONG, la réduction des crédits affectés à l’adaptation et la suppression de certains fonds, comme le Fonds vert, soulignent l’incapacité du gouvernement à financer réellement ses engagements. Oxfam va même jusqu’à qualifier ce plan de « brouillon inabouti », une accusation qui fait écho aux inquiétudes croissantes sur l’efficacité des mesures proposées.
L’incertitude face à un défi climatique de plus en plus pressant
Alors que la trajectoire d’adaptation à +4°C semble claire, les mesures concrètes restent floues et peu contraignantes. La trajectoire de référence d’adaptation au changement climatique (Tracc) devrait théoriquement permettre à la France de mieux anticiper les risques à long terme. Toutefois, sa mise en œuvre reste encore floue et pourrait être lente, à l’image des actions de l’Etat pour intégrer ces projections dans les textes législatifs d’ici la fin de l’année.
Le changement climatique, bien qu’urgent, semble encore être sous-estimé dans les décisions politiques. Selon Anne Bringault, du Réseau action climat, « il est plus que temps de prendre réellement en compte le changement climatique dans les politiques publiques. » Cette déclaration souligne la nécessité d’une prise de conscience plus forte, non seulement du gouvernement, mais aussi de la société dans son ensemble, pour véritablement attaquer les racines du problème.
Malgré les ajustements apportés au Plan national d’adaptation, les attentes des experts et des ONG demeurent élevées. Les actions à l’échelle locale, bien qu’importantes, ne semblent pas suffire à contrer l’ampleur de la crise climatique. Les Français devront se préparer à un avenir plus chaud, mais l’efficacité des mesures du gouvernement, au regard des défis de financement et des mesures peu contraignantes, reste une question ouverte.