Alors que le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé la réouverture des parcs de loisirs en Ile-de-France pour le 22 juin, les forains attendent toujours de redémarrer leurs activités. Se sentant oubliés par le plan dé déconfinement, ils promettent de se faire entendre après le 10 juin s’ils n’obtiennent pas satisfaction.
Avril, Mai et Juin sont habituellement les mois les plus prolifiques pour les forains. Mais la crise sanitaire du coronavirus a provoqué l’arrêt de leurs activités. « Depuis la mi-mars, on comptabilise 760 fêtes foraines annulées à travers la France », note Stéphane Dubief, secrétaire général de la Fédération des forains de France. Parmi les fêtes foraines annulées on compte la Foire du Trône, qui devait accueillir du 27 mars au 24 mai, au bois de Vincennes, 3 millions de visiteurs et 200 forains faisant travailler 2.000 personnes. Il y a aussi la Fête des Loges censée rassembler 170 forains pour sa 368e édition du 26 juin au 16 août. En outre, les foires de Bordeaux et Strasbourg (qui regroupent une centaine de forains) ont été interdites.
« On doit se remettre d’urgence au travail, nous allons perdre cette année entre 50 % et 70 % de notre chiffre d’affaires. L’annulation des feux d’artifice et des bals va générer une baisse de fréquentation de 50 % cet été. », a estimé Stéphane Dubief. Ce désastre économique annoncé devrait concerner 35.000 à 50.000 fêtes foraines en France, employant plus de 200.000 personnes. Le secrétaire de la Fédération des forains de France craint donc « énormément de dépôts de bilan ».
Au-delà du 10 juin, l’épreuve de force ?
Les professionnels, reçus avec satisfaction à Matignon vendredi, se disent prêts à manifester en milieu de semaine à Troyes, ville de François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF), si les élus locaux ne leur permettent pas de travailler. Ils devraient être reçus ce lundi à l’AMF en attendant l’importante annonce du mercredi 10 juin.
« Versailles rouvre pour les rois, mais les fêtes foraines pour les gueux sont oubliées, nous sommes victimes de racisme commercial. On attend mercredi le décret du Premier ministre pour la réouverture des fêtes. Sinon, on fera entendre nos voix. », a menacé Xavier Saguet, membre fondateur de la Fédération des forains de France. Certains professionnels envisagent même de braver les interdictions d’ouverture des mairies, dont elles dépendent. A sa sortie de Matignon, la délégation des forains a déclaré que les élus profitent du Covid-19 pour les exclure de leur ville.
« Ils incarnent une tradition »
Pour Alain Gournac, sénateur des Yvelines, il faut absolument réparer l’injustice faite aux forains pour ce qu’ils représentent. « Ce sont des amuseurs publics dont nous avons besoin, ils incarnent une tradition. Beaucoup de Français ne partiront pas en vacances, ces fêtes foraines sont une bouffée d’oxygène à la sortie du confinement. », a-t-il rappelé. Et d’ajouter, nostalgique : « N’a-t-on pas tous des souvenirs d’enfance heureux sur les manèges ? ».
