À peine découverts, les premiers vaccins contre le coronavirus suscitent de la méfiance chez une bonne partie de la population française. De quoi pousser les politiques à envisager de rendre la vaccination obligatoire. Une décision difficilement applicable.
Alors que les bonnes nouvelles s’enchaînent ces dernières semaines avec l’annonce de plusieurs vaccins par des laboratoires (des laboratoires Pfizer BioNTech, Moderna, etc.), un vent de méfiance souffle sur la population française. Une partie de celle-ci ne voit pas d’un bon œil la vaccination générale, à l’heure des théories de complot. Certains pensent que c’est un cheval de Troie pour implanter des puces afin de géolocaliser les êtres humains et les contrôler. D’autres, plus pragmatiques, estiment que les vaccins ne sont pas assez sûrs. Selon un sondage Gallup-Wellcome, 33,3 % des Français ont cette opinion, loin devant les Russes (23,6 %) et les Suisses (21,5 %).
Seuls quatre Français sur dix envisagent actuellement de se faire vacciner
Cette méfiance a été confirmée par plusieurs sondages, dont le dernier d’Elabe, publié mercredi. D’après cette enquête, 36 % des Français n’ont pas confiance, dont 25 % pas vraiment confiance et 11 % pas confiance du tout. Ainsi, seuls quatre Français sur dix envisagent actuellement de se faire vacciner contre le Covid-19. Les trois raisons du refus sont : un manque de recul sur la maladie et le vaccin (66 %, soit 30 % de l’ensemble des Français), la crainte des effets secondaires indésirables (54 %, soit 25 % de l’ensemble des Français) et une défiance envers les laboratoires et autorités sanitaires (29 %, soit 14 %).
Cette posture inquiète évidemment au plus haut sommet de l’Etat français. Le Premier ministre Jean Castex a concédé au Monde samedi que sa « crainte, c’est que les Français ne se fassent pas assez vacciner ». Il a même semblé favorable à une vaccination obligatoire, mais en passant par la loi. Une fois n’est pas coutume, l’eurodéputé EELV Yannick le pense aussi, lui qui espère que « tout le monde ira se faire vacciner ».
De la pédagogie plutôt que la répression ?
Sur la même ligne, le président LR du Sénat, Gérard Larcher a souligné que « nous sommes le peuple qui a inventé la vaccination ». Face aux réticences, il propose d’instaurer une règle simple : « Si vous n’êtes pas vacciné, vous ne pouvez plus aller au restaurant, au théâtre ; vous ne pouvez plus prendre l’avion… Vous êtes de vous-même retiré de la vie collective, autoconfiné. Il faudra avoir son certificat de vaccination, comme un laissez-passer, pour être dans la société ». De quoi hérisser le poil des anti-vaccins, à qui de telles mesures rappellent les théories sur la puce implantable.
Plus réservés, certaines voix prônent un travail de pédagogie pour ne pas braquer carrément les gens. Il faut leur faire comprendre que se vacciner, c’est à la fois se protéger et protéger les plus faibles d’entre nous. Il s’agirait donc d’un acte civique. La Haute autorité de santé recommande pareillement de « favoriser l’adhésion » du public et « respecter un principe de transparence ».