La chaîne du groupe Canal+ est décidément prête à tout pour servir de marchepied à son (ancien ?) chroniqueur vedette vers l’Élysée. Y compris, mentir à propos d’un sondage d’opinion.

À Cnews, on ne s’interdit rien pour peu que cela favorise Éric Zemmour dans son hypothétique quête élyséenne. L’opinion en a eu une illustration mercredi 27 octobre à travers l’interprétation d’un sondage par la chaîne d’info en continu. Dans son émission L’Heure des pros 2 présentée par Pascal Praud, la filiale du groupe Canal+ a en effet diffusé sous le titre « Présidentielle : E. Zemmour en hausse », un graphique inspiré d’une enquête d’opinion réalisée pour le compte du site d’informations Challenges par l’institut Harris Interactive.

Le sondage qui passe en revue les chances des différents protagonistes de la prochaine présidentielle, jauge également celles du « candidat-pas encore-officiellement-candidat » Éric Zemmour. Mais l’interprétation qu’en a fait Cnews sur ses antennes soufre de plusieurs manquements, alliant à la fois mauvaise foi manifeste, tromperie et mensonge.

Tromperies et mensonges

À commencer par le titre. Éric Zemmour en hausse ? Assurément pas. Puisque le sondage sur lequel se fonde la chaîne appartenant à Bolloré pour faire une telle interprétation estime les chances d’une candidature du polémiste entre 17 et 18 % des intentions de vote, soit au même seuil que deux précédents sondages réalisés par le même institut Harris.

L’infographie de Cnews pèche également sur le fond, et de façon plutôt grossière. Car la somme des intentions de vote se retrouve à… 106 %, comme par magie. Pour en arriver là, la chaîne d’informations très droitière a pris en compte, en plus d’Emmanuel Macron (23 %), de Marine Le Pen (16 %), de Xavier Bertrand (14 %), de Jean-Luc Mélenchon (10 %) et de Yannick Jadot (8 %), deux autres figures de la droite dont les chances n’ont pourtant jamais été évaluées simultanément avec celles de Xavier Bertrand par le sondage d’origine. Il s’agit de Valérie Pécresse créditée de 10% des intentions de vote et de Michel Barnier estimé à 8 %.

Un scénario orchestré ?

La manœuvre de Cnews relevée dès la diffusion du fameux tableau par les internautes a attiré l’attention de la commission des sondages d’ordinaire plutôt aphone malgré les polémiques autour des sondages à la veille de chaque échéance électorale. L’autorité administrative a notamment appelé dans un communiqué diffusé mercredi 29 octobre, l’opinion la prudence face « à la lecture de certains médias ». Comme si elle soupçonnait la chaîne qui s’est un peu plus tard répandue en excuses d’avoir agi en connaissance de cause.

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