Le pétrole russe devrait prochainement faire l’objet d’un embargo total de la part de l’Union européenne, qui a déjà interdit l’importation de charbon deRussie début avril. Attendue en fin d’année, cette nouvelle mesure s’inscrit dans le cadre d’un sixième train de sanctions contre Moscou en raison de son offensive militaire contre l’Ukraine.
La Commission européenne a proposé mercredi un embargo total sur le pétrole russe dans le cadre d’un sixième paquet de sanctions contre la Russie, qui mène la guerre à l’Ukraine depuis le 24 février dernier. Cette mesure prévoit une interruption graduelle des achats sur six à huit mois, jusqu’à fin 2022. Elle concernera à la fois le brut et le raffiné, ainsi que les livraisons par voie maritime et par des oléoducs. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne admet que ce « ne sera pas facile » d’appliquer une telle décision Car « certains Etats membres sont fortement dépendants du pétrole russe ». Toutefois, elle estime qu’il faut absolument y travailler.
Des oppositions attendues de la part de la Hongrie et de la Bulgarie
Conscients de la situation énergétique de certains pays de la zone, des diplomates européens ont suggéré d’accorder des dérogations, principalement à la Hongrie et la Slovaquie. Les deux Etats sont enclavés et dépendent complètement des oléoducs russes pour leur approvisionnement. De plus, ils n’ont aucun accès aux installations européennes et ne disposent d’aucun port pour accueillir des tankers. Ils devraient donc jouïr d’une exemption ou d’une longue période de transition jusqu’à 2023.
Si ces dérogations semblent justes, certains responsables européens craignent qu’elles s’étendent à d’autres Etats. A l’instar de la Bulgarie et de la République tchèque, qui invoquent des raisons similaires à celles de la Hongrie et de la Slovaquie. On pourrait donc s’acheminer vers un gel des exemptions. Ce qui risque de créer de nouveaux problèmes et des divisions au sein de l’Europe. La Hongrie a déjà averti qu’elle ne votera pas pour des sanctions qui rendraient impossibles son approvisionnement en pétrole ou en gaz. L’UE soumettra bientôt ses propositions aux 27 pour validation avant une entrée en vigueur d’ici la fin d’année.
La politique de l’UE : s’amputer pour faire mal à l’autre
Notons que l’UE a déjà approuvé un embargo sur le charbon russe à partir du 10 août prochain. L’organisation prévoit prochainement une interdiction du gaz russe. Mais ce sera plus compliqué d’obtenir un consensus sur cette question. L’Italie, notamment, fait grise mine et devrait poser des conditions strictes. Elle importe environ 40% de son gaz de Russie. L’Allemagne aussi reste réticente sur ce sujet. Le pays pourrait d’ailleurs prochainement régler ses importations en roubles comme le souhaite Moscou. Une perspective qui irrite l’Union européenne.
En adoptant ces mesures, l’Europe souhaite cesser de financer la guerre en Ukraine. Depuis le début de ce conflit, elle a déjà payé 48 milliards d’euros à Moscou pour s’approvisionner en gaz, pétrole et charbon. La France, seule, a versé près de 4 milliards d’euros (sixième rang des importateurs). Si ces décisions s’avèrent suicidaires pour le vieux continent, la Russie aussi devrait en souffrir à moyen terme. En effet, le pays exporte les deux tiers de son pétrole vers l’ouest. En 2021, il a empoché plus de 80 milliards de dollars.