Le royaume saoudien prévoit d’autoriser la vente et la consommation d’alcool sur son sol à une clientèle bien déterminée. Une première pour ce pays adepte de l’islam rigoriste.
Du Whisky, du Gin, de la Vodka ou du Rhum ? Certains fonctionnaires étrangers en poste dans la capitale saoudienne de Riyad auront bientôt le choix en matière de boissons alcoolisées. Et pour cause, le pays s’apprête à étrenner sa toute première épicerie d’alcool.
À en croire des sources proches du dossier citées par Bloomberg, le projet très avancé devrait se concrétiser dans les prochaines semaines. Avec une cible bien identifiée : les diplomates de confession non musulmane.
Le magasin sous licence prévu pour être installé au sud-ouest de Riyad, dans un quartier connu pour abriter plusieurs représentations diplomatiques étrangères, servira à boire aux détenteurs d’une autorisation préalable disponible via une plateforme numérique gérée par les autorités.
Un tournant historique
C’est une décision historique en Arabie saoudite, pays musulman, régi par l’islam wahhabite, où le moindre écart de cette ligne, est sévèrement puni. L’alcool en l’occurrence est vu avec dégoût et répulsion conformément à la doctrine islamique. Sa consommation est donc proscrite sans équivoque.
Cette prohibition est d’autant plus stricte depuis les années 1950 et le meurtre d’un diplomate britannique par un prince saoudien en état d’ébriété en marge d’une fête à l’ambassade, comme le rappelle Bloomberg.
De quoi faire émerger un marché parallèle de vente d’alcool sans aucune garantie pour les consommateurs. Dans un contexte où environ 50% de la population a moins de quinze ans et une part de 60% est composée de jeunes âgés de moins de vingt ans.
Une libéralisation progressive
Cette jeunesse représente un atout pour le prince héritier Mohammed Ben Salmane, 38 ans, engagé depuis quelques années dans un processus de libéralisation progressive du royaume à travers son plan de développement baptisé Vision 2030.
Allant de la modernisation du secteur privé au développement du tourisme en passant par l’impulsion du sport comme levier de soft power, il est destiné à réduire la dépendance économique de l’Arabie saoudite à l’or noir.
Avec ce magasin d’alcool annoncé, c’est une autre barrière culturelle saoudienne qui tombe après les précédentes, dont le droit de conduire désormais accordé aux femmes. Il s’agit d’une nouvelle façon pour les autorités de témoigner au monde que ce pays réputé ultra-conservateur peut également s’ouvrir à la modernité.