Cinq jours après la fin de la grève des agriculteurs, les distributeurs expriment leur mécontentement d’avoir été la cible d’actions de blocage. Michel-Édouard Leclerc, le patron des centres E. Leclerc, croit qu’ils ont été jetés en pâture par le gouvernement, l’un des principaux responsables de cette crise.

Ces deux dernières semaines, les agriculteurs de France ont envahi les grandes routes nationales avec leurs tracteurs et semi-remorques pour exprimer leur ras-le-bol face à des conditions de vie et de travail devenues exécrables. Ils ont posé plusieurs revendications, dont une meilleure rémunération, la levée de l’interdiction des produits phytopharmaceutiques et la simplification des normes environnementales.

Des centrales d’achats bloquées lors de la grève des agriculteurs

En plus d’avoir bloqué plusieurs axes routiers, les agriculteurs de France ont fait le siège des centrales d’achats. En particulier celles de Carrefour dans la banlieue toulousaine et d’E.Leclerc à Cabannes, dans les Bouches-du-Rhône. Ces centrales d’achats permettent aux distributeurs de mieux négocier avec les multinationales en mutualisant leurs commandes. Ils peuvent ainsi acheter moins cher grâce à des quantités plus importantes.

Ces centrales d’achats à l’étranger posent problème

Mais la plupart de ces structures logistiques se situent hors de France et elles ont tendance à acheter des produits à l’étranger. Les agriculteurs les considèrent donc comme des menaces pour leurs activités et comme des moyens de contournement de la loi EGalim, censée protéger le revenu agricole. Ils accusent d’ailleurs les enseignes et les industriels de faire de gros bénéfices sur leur dos. Ils ont donc jugé nécessaire de s’en prendre aux centrales d’achats et aux supermarchés.

La grève des agriculteurs détournée vers les hypermarchés

Michel-Édouard Leclerc, dont le groupe a fait les frais de la grève des agriculteurs, a accusé lundi le gouvernement de l’avoir jeté en pâture. Au micro de la matinale de France Inter, le dirigeant a déclaré que les pouvoirs publics ont contribué à détourner les manifestations paysanne sur les parkings des hypermarchés. Pour preuve, toutes les consignes de manifestation auraient visé spécifiquement les enseignes de la grande distribution, en particulier Leclerc. L’objectif aurait été « de dériver les tensions sur des espaces sans trop de population et avec des dégâts modérés ».

Michel-Édouard Leclerc pointe du doigt les industriels

Pourtant, assure Michel-Édouard Leclerc, les retailers ne sont pas les responsables de la situation des agriculteurs de France. Ils ne seraient pas les premiers clients du secteur agricole car n’achetant qu’un tiers des produits. Le patron des centres E. Leclerc conseille de s’attaquer aussi, ou plutôt, aux industriels qui achètent un autre tiers, ou aux sociétés de restauration collective. Il pointe surtout du doigt les multinationales. Celles-ci feraient preuve de mauvaise foi en imputant tout à la guerre en Ukraine ou au dérèglement post-Covid. Entre-temps, elles font d’énormes profits et distribuent autant de dividendes.

Le ministère de l’Agriculture, un autre grand coupable ?

Par ailleurs, l’Etat porterait une grande responsabilité dans cette crise, selon Michel-Édouard Leclerc. En effet, c’est le ministère de l’Agriculture qui devrait répondre des dysfonctionnements du régime de retraite des agriculteurs, des surnommes sanitaires et des mauvais  accords internationaux, type Mercosur. Et pourtant, s’étonne le chef d’entreprise, le gouvernement s’apprête à imposer des sanctions aux retailers, après les négociations commerciales, dans le cadre du renforcement des contrôles.

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