Si la zone euro a réussi à réduire son taux d’inflation ces derniers mois, celui-ci reste encore très au-dessus de l’objectif fixé par la BCE à moyen terme pour éviter une récession. Les vingt pays de l’union monétaire se trouvent ainsi sur un fil tendu. D’où le besoin de mettre en place des politiques adéquates.

Après avoir subi de plein fouet la pandémie du Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine, l’Europe retrouve peu à peu le chemin de la normalité. Dans la zone euro, en particulier, le taux d’inflation annuel s’élevait à 5,3% en août, contre 10,6% en octobre 2022. Soit une réduction de moitié de la flambée des prix. A présent, la Commission européenne prévoit un taux d’inflation annuel de 2,9% en 2024. Mais ce seuil reste encore très au-dessus de l’objectif fixé par la BCE à moyen. À savoir 2%.

Ralentissement de la croissance économique

En raison d’un taux d’inflation toujours élevé que la norme, la croissance économique devrait connaître un ralentissement dans les pays avancés en Europe. Elle passera de 3,6 % en 2022 à 0,7 % cette année, selon les analyses de la BCE. Le recul s’annonce encore plus important au niveau des pays émergents (Belarus, Russie, Ukraine). Il s’établira à 1,1 % en 2023, contre 4,4 % l’année dernière. Si la croissance économique devrait repartir en 2024, grâce à une fonte de l’inflation, rien n’indique que tous les voyants seront au vert.

De mauvais signaux pour les économies de la zone euro

En effet, l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) risque de baisser moins rapidement en raison d’une augmentation plus forte des salaires dans la zone euro pour compenser les dégâts d’une flambée des prix. Aussi, les pénuries de la main-d’œuvre et la hausse des coûts de fonctionnement dans l’industrie pourraient plomber les capacités de production européenne et aggravée l’inflation globale. On observe déjà des pertes importantes dans les pays à plus forte intensité énergétique tels que l’Allemagne et l’Italie.

Des pays européens déjà entrés en récession

L’Allemagne, en particulier, est entrée en récession début 2023 à cause notamment des contre-performances de son secteur industriel fragilisé par les coûts de l’énergie. Elle se trouve dans une situation similaire à celle des Pays-Bas, de la Grèce, de l’Irlande, de la Lituanie et de Malte. Face à un risque de récession générale, il urge pour les banques centrales de mettre en place une politique monétaire restrictive sur une période plus longue. Cela permettra de placer l’inflation sous-jacente sur une trajectoire décroissante.

Les banques centrales doivent relever les taux directeurs

D’après Alfred Kammer, directeur du département Europe du Fonds monétaire international (FMI), il faudra en particulier relever les taux directeurs dans les pays émergents d’Europe. Cette stratégie permettra de juguler la hausse des prix à la consommation. Elle s’impose d’autant que les banques centrales n’auront pas besoin de recourir à un durcissement brutal de leur politique si les conditions financières changeaient rapidement. Mais institutions bancaires n’ont pas seules les clefs d’une reprise économique dynamique.

Les gouvernements ont leur rôle à jouer

Les décideurs publics ont également un rôle crucial à jouer. Ils doivent mobiliser toutes les politiques macroéconomiques, financières et structurelles pour appuyer les banques centrales. Les gouvernements devront principalement assurer une surveillance et un suivi étroits des banques, établir des plans d’intervention d’urgence et prévoir des mesures correctives rapides. Ils devront également ratifier le traité modifié du mécanisme européen de stabilité et adopter une garantie paneuropéenne des dépôts. Enfin, il serait utile d’alléger la facture énergétique.

Didier Maurin redoute plus la récession que l’inflation

Didier Maurin (Didier Maurin DCT, ex Didier Maurin Finance) s’est récemment exprimé sur la question de la lutte contre l’inflation en Europe et aux Etats-Unis. Selon lui, les hausses de taux d’intérêt pourraient avoir des impacts beaucoup plus négatifs que l’inflation en elle-même. Didier Maurin redoute avant tout une récession de l’économie mondiale.

En effet, les politiques des banques centrales pour limiter la surchauffe de l’économie (hausse des taux d’intérêt) pourrait avoir pour conséquence de casser la croissance et d’entraîner une vague de récession beaucoup plus dommageable que l’inflation. Des risques qui semblent de plus en plus compris par la Fed et la BCE.

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