Les affrontements entre Israël et le Hamas se déroulent aussi sur le champ lexical. Chaque camp rivalise de qualificatifs destinés à catégoriser l’autre, quitte à brouiller la réalité.

Le Hamas est-il une organisation terroriste ou un mouvement de résistance ? Quid de l’État d’Israël, l’autre belligérant des combats en cours dans la bande de Gaza ? À travers ces questions s’opposent deux camps aussi antagoniques que les forces présentes sur le front.

Le parti politique de gauche française, La France insoumise (LFI), est sujet à de sévères critiques depuis son refus de désigner le Hamas comme « terroriste ». Sa députée Danièle Obono, devrait même faire l’objet d’une plainte pour « apologie du terrorisme » de la part du ministre de l’Intérieur.

Parallèlement, des chancelleries occidentales intensifient le discours au sujet du groupe palestinien. Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, ayant estimé pour sa part, lors d’un déplacement à Tel-Aviv le 13 octobre dernier, que les actes du Hamas étaient pires que ceux de l’État islamique (EI).

Narratif peu scientifique

Ce narratif visant à légitimer les actions d’Israël et de ses alliés contre le Hamas, s’éloigne cependant de la vérité scientifique, selon plusieurs experts. « Le Hamas n’est pas l’EI », objecte d’emblée dans un tweet, Monica Marks, Professeure de politique du Moyen-Orient sur le New York University d’Abu Dhabi.

Elle en veut pour preuve la présence d’églises à Gaza malgré la gouvernance du Hamas depuis 2007. C’est un fait impossible sur les territoires occupés par Daech, groupe islamiste radical pour lequel toutes les autres religions sont hérétiques.

« Le Hamas a un agenda certes islamiste, mais c’est un groupe nationaliste », explique Wassim Nasr, journaliste spécialiste des mouvements jihadistes à France 24. Il relève plusieurs différences fondamentales entre le groupe palestinien et Daech, sur la chaîne française.

Nécessité d’une approche rigoureuse

D’abord sur plan du dogme à travers lequel le Hamas prône la libération de la Palestine grâce à la destruction d’Israël. Quant à l’EI, il vise à en croire Wassim Nasr, l’instauration de la Oumma islamique.

« L’État islamique qualifie le Hamas d’apostat et ce dernier qualifie l’EI de déviant », explique-t-il par ailleurs, ajoutant que les alliances dont bénéficient les deux organisations sont diamétralement opposées, malgré la similitude dans leur méthode, consistant notamment à s’en prendre aux civils.

Le Hamas serait donc pour de nombreux observateurs, un « monstre » historiquement engendré par l’occupation israélienne. Sa cause justifie-t-elle pour autant ce déferlement de violence impliquant des civils ? Quid de l’État d’Israël dont les bombardements n’épargnent pas non plus les Gazaouis ?

« La lutte contre la violence politique y compris le terrorisme, nécessite une compréhension minutieuse. Et non des amalgames hasardeux », tranche Monica Marks.

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