Jeudi 14 novembre, le ciel français pourrait bien être perturbé : les pilotes du Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL) appellent à la grève pour dénoncer un projet de taxe que le gouvernement souhaite imposer aux compagnies aériennes.
Une nouvelle taxe pour décarboner les transports
Dans le cadre du projet de budget qui sera présenté le jeudi suivant, l’exécutif a décidé d’alourdir la fiscalité sur le secteur aérien. Cette nouvelle taxe, destinée aux compagnies aériennes, vise à décourager les transports polluants en augmentant les prélèvements fiscaux sur les vols au départ de la France. Le gouvernement espère ainsi inciter les compagnies à accélérer leur transition vers des modes de transport moins polluants.
Cette taxe ne répond pas uniquement à une ambition écologique. Le gouvernement, en quête de nouveaux financements pour combler le déficit public, espère que cette mesure rapportera environ un milliard d’euros l’année prochaine. Une somme non négligeable, mais qui, selon les acteurs du secteur, pèsera lourdement sur les compagnies françaises, déjà fragilisées par la crise du Covid.
Les compagnies aériennes, face à cette taxe, n’ont pas tardé à réagir. Air France, principale compagnie du pays, estime que ce prélèvement supplémentaire pourrait représenter pour elle une facture de 280 millions d’euros dès 2025. Pour compenser cette hausse de coût, la compagnie a d’ores et déjà annoncé que les prix des billets augmenteront à partir de janvier, ce qui impactera directement les consommateurs.
Une taxe jugée injuste par les syndicats et le secteur
Les pilotes de ligne, par l’intermédiaire du SNPL, s’opposent fermement à cette taxe, qu’ils considèrent comme inéquitable. Selon le syndicat, cette taxe sera exclusivement supportée par les compagnies françaises ou basées en France, créant ainsi une distorsion de concurrence avec les compagnies étrangères. Les pilotes estiment que cette mesure affaiblira encore davantage les compagnies nationales au profit d’acteurs internationaux.
Les personnels navigants commerciaux, bien qu’ils n’aient pas encore décidé d’une grève, expriment eux aussi leur opposition. Leur syndicat principal craint que cette mesure sabote la compétitivité des compagnies françaises, qui peinent encore à se remettre des pertes engendrées par la pandémie de Covid-19. Ils préviennent qu’ils ne laisseront pas cette taxe se mettre en place sans résistance, et envisagent d’autres actions si le gouvernement ne prend pas en compte leurs préoccupations.
Les compagnies aériennes ont rapidement signifié leur désaccord. Elles estiment que cette augmentation des charges pourrait nuire à leur rentabilité et renforcer l’attractivité des compagnies étrangères, moins impactées. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM) affirme que cette taxe pourrait affecter l’ensemble du secteur aérien français en creusant davantage l’écart avec les compagnies concurrentes internationales.
Les conséquences potentielles de cette nouvelle taxe sur le secteur
Avec cette hausse des prix des billets, le secteur aérien craint une baisse de la fréquentation, notamment pour les vols intérieurs et courts. Les consommateurs, sensibles aux prix, pourraient être tentés de privilégier des alternatives comme le train, déjà favorisé par le gouvernement pour les trajets courts. Cette tendance pourrait affaiblir les compagnies nationales, qui dépendent en grande partie de ce type de trajets pour leur rentabilité.
Les syndicats alertent également sur les conséquences de cette mesure pour l’emploi. En cas de baisse de fréquentation, les compagnies pourraient être amenées à réduire leurs effectifs ou à limiter les investissements. Les salariés, encore éprouvés par les suppressions de postes post-Covid, s’inquiètent des potentielles répercussions de cette nouvelle taxe sur la stabilité de leurs emplois.
Par cette mobilisation, les syndicats de pilotes et de personnels navigants espèrent faire entendre leurs voix auprès du gouvernement. Ils demandent un réexamen de cette taxe, ou à tout le moins, un aménagement qui permettrait de protéger la compétitivité des compagnies françaises. Leur message est clair : ils refusent que le secteur aérien, déjà éprouvé, soit davantage fragilisé par une mesure fiscale qui pourrait, selon eux, menacer l’avenir de l’aviation française.