Une cinquantaine de personnalités de gauche ont lancé, vendredi 1er novembre, un appel à manifester le 10 novembre à Paris pour dire « STOP à l’islamophobie » et à la « stigmatisation grandissante » des musulmans, après l’attaque d’une mosquée à Bayonne et de nouvelles tensions autour du voile. Pourtant, cette semaine, plusieurs signatures ont indiqué qu’ils ne participeraient plus à la marche.
François Ruffin distrait par ses vacances
Ce dimanche 10 novembre 2019 aura lieu à Paris une manifestation pour dire « STOP à l’islamophobie » et à la « stigmatisation grandissante » des musulmans en France, sur appel d’une cinquantaine de personnalités de la gauche. « Depuis des années, la dignité des musulmanes et des musulmans est jetée en pâture, désignée à la vindicte des groupes les plus racistes qui occupent désormais l’espace politique et médiatique français. », ont lancé les auteurs dans une tribune publiée dans Libération. Pourtant, cette semaine, certaines de ces personnalités ont fait un rétropédalage. Ainsi, François Ruffin déclarait mercredi sur France Inter qu’il n’irait pas à cette manifestation car ce n’était « pas (son) truc ». Le député de La France Insoumise (LFI) a également sous-entendu qu’il avait signé le texte distraitement, alors qu’il se trouvait en vacances.
« Quand on parle de ‘lois liberticides’, je ne sais pas de quoi on parle »
Le Parti socialiste avait indiqué dès mardi dans un communiqué qu’il ne serait pas présent à la manifestation du 10 novembre. Il dit ne pas se reconnaître « dans ses mots d’ordre qui présentent des lois laïques en vigueur comme ‘liberticides ». C’est la même préoccupation chez l’écologiste Yannick Jadot et le député insoumis Adrien Quatennens, qui se montrent gênés par le terme « lois liberticides » utilisé dans le texte : « Quand on parle de ‘lois liberticides’, je ne sais pas de quoi on parle. (…) Ni la loi de 1905 s’agissant de la laïcité, ni la loi de 2004 concernant les signes religieux à l’école, ni même celle de 2010 sur le fait de ne pas pouvoir être entièrement le visage couvert dans la rue, ne me paraissent liberticides », a noté Adrien Quatennens.
Le camarade Alexis Corbière, lui, sera bel et bien là à la manifestation dimanche, mais a semblé s’être mépris sur l’initiateur de la démarche. « On m’avait dit que la Ligue des droits de l’Homme était à l’initiative de la démarche », a-t-il signalé.
Le CCIF à l’origine du malaise ?
Cette gêne constatée chez les signataires de l’appel à la manifestation est apparemment liée au Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), à l’origine de l’appel. L’organisation créée en 2003 est dans le viseur de la droite et de l’extrême droite depuis plusieurs années pour ses positions controversées. En 2016, le CCIF avait apporté son soutien aux femmes de confession musulmane portant le « burkini », s’attirant les foudres du Rassemblement national, qui avait appelé à sa dissolution. L’organisation est accusée de faire croire qu’il existe l’islamophobie en France, ce qui est faux. Pour la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, l’islamophobie est une « attitude d’hostilité systématique envers les musulmans, les personnes perçues comme telles et/ou envers l’islam ». L’on prête également au CCIF des accointances avec les Frères musulmans, une organisation islamiste.