Sous dictature militaire dès 1968, le Mali accéda officiellement à la démocratie en 1992 avec l’élection d’Alpha Oumar Konaré. Trente ans après cet évènement, quels enseignements peut-on en tirer ? Aliou Boubacar Diallo, président d’ADP-Maliba, pense qu’il faut réfléchir à un nouveau système qui encouragera la participation du citoyen au processus démocratique et qui imposera le respect de l’expression du vote populaire.

Il y a une semaine, le Mali a fêté le trentième anniversaire de son accession à la démocratie. Petit rappel. En 1968, le pays a été placé sous dictature par le Général Moussa Traoré qui avait renversé le premier président, Modibo Keita. Mais, le 26 mars 1991, le Général Traoré fut renversé à son tour par le Lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré. Après une période de transition, ce dernier instaura la démocratie avec l’élection d’Alpha Oumar Konaré en 1992. Depuis cette date, le Mali a connu deux autres coups d’Etat. L’un en mars 2012 sous la conduite du capitaine Amadou Haya Sanogo et l’autre en août 2020 sous le commandement du colonel Assimi Goïta. Ce dernier putsch a ouvert la voie à une transition de dix-huit-mois, à l’issue de laquelle des élections générales seront organisées.

« Il reste encore beaucoup à faire »

En portant un regard attentif sur les progrès et les défis de la nation malienne, la plupart des Maliens s’interrogent sur le caractère démocratique de leur pays. L’est-il réellement si à chaque décade, il doit retomber dans un cycle d’instabilité ? Pour Aliou Boubacar Diallo, président fondateur d’ADP-Maliba, il faut absolument faire le bilan de cette jeune expérience démocratique afin de se projeter. « Si nous pouvons noter quelques avancées au niveau du droit de vote, il reste encore beaucoup à faire. Certains de nos compatriotes n’arrivent toujours pas à se procurer le simple instrument de participation électorale : la carte d’électeur. Le système électoral lui-même demeure en souffrance et chaque élection, censée être une « fête de la démocratie », reste toujours marquée par des fraudes et des contestations majeures », relève l’ex député de Kayes.

Une démocratie stable et pérenne pour un développement durable

Selon le politicien malien, l’avenir du Mali réside dans la capacité intérieure de chacun de ses compatriotes à refonder cette démocratie en construction pour lui donner des fondements plus solides. « Il urge pour chacun de nous de réfléchir à un nouveau système à même d’encourager la participation du citoyen au processus démocratique et qui imposera le respect de l’expression du vote populaire des maliens », estime Aliou Diallo. « Une gouvernance vertueuse ne peut accoucher d’un développement durable que lorsque notre démocratie sera stable et pérenne », ajoute-t-il. Aliou Diallo souhaite en outre que la transition en cours puisse déboucher sur des « élections réellement libres et transparentes afin qu’un régime démocratique et populaire puisse enfin engager le Mali dans le cycle d’une gouvernance vertueuse et d’un développement durable ».

En pole position dans les sondages

Le président fondateur d’ADP-Maliba est candidat à la prochaine présidentielle prévue courant 2022. D’après deux récents sondages du cabinet Statix, il est l’un des favoris de ce scrutin. La première enquête publiée en novembre 2020 le plaçait deuxième avec 25,5% des intentions de vote, derrière le regretté Soumaïla Cissé (décédé en décembre 2020). La seconde l’installait à la première place avec 27% des voix, soit 10 points d’avance sur son poursuivant Moussa Mara (17%).

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