L’élection présidentielle mauritanienne et la victoire de Mohamed Ould Ghazouni, pourrait signifier le début d’une ère de changements démocratiques dans le pays. Si Ould Ghazouni est un proche du président sortant, et qu’il était désigné comme son dauphin, des signes encourageants semblent indiquer la volonté d’ouverture du nouveau président mauritanien.

Si certains observateurs pessimistes avaient indiqué au cours de la campagne présidentielle que Mohamed Ould Ghazouni inscrirait ses pas dans la continuité de son prédécesseur, Mohammed Ould Abdelaziz, comme lui un ancien militaire et ami de quarante ans, la réalité qui semble se dessiner à Nouakchott est beaucoup plus nuancée.

Question de personnalités d’abord. Si Ould Abdelaziz était d’un tempérament abrasif, prompt à la colère et aux jugements à l’emporte-pièce, Mohamed Ould Ghazouni a une personnalité beaucoup plus posée, et encline au dialogue et au débat d’idées. Une différence de taille entre les deux hommes qui pourrait changer pas mal de choses dans le jeu politique mauritanien.

Question de messages et de tonalité ensuite. S’il faudra évidemment attendre les premiers actes du nouveau président, qui sera officiellement investi le 2 août, pour juger de ses intentions réelles, des indicateurs laissent à penser que le régime d’Ould Ghazouni ne sera pas une réplique de celui d’Ould Abdelaziz.

Premier signe positif, le dialogue noué par des proches du nouveau président avec Biram Dah Abeid, le militant antiesclavagiste arrivé en deuxième position de la présidentielle. Si rien n’est acté, le contact est rétabli avec l’opposition, ce qui n’a jamais été un point fort d’Ould Abdelaziz. La tenue d’un dialogue national permettrait d’apaiser pas mal de tensions et de remettre la Mauritanie sur des rails démocratiques et inclusifs.

Autre symbole de réchauffement, le retour à Noukchott de l’homme d’affaires et militant des droits de l’Homme Mohamed Ould Bouamatou, farouche opposant à Mohammed Ould Abdelaziz, vivant en exil depuis huit ans. Selon la presse locale, les poursuites à son encontre seraient sur le point d’être abandonnées, mettant fin à l’un des principaux points de contention entre le gouvernement et l’opposition.

En effet, le président de la Fondation pour l’égalité des chances en Afrique, ONG de défense de la démocratie soutenue par Human Rights Watch, est l’un des grands argentiers de l’opposition, et une voix qui compte dans la défense de l’état de droit en Mauritanie. Un retour au pays ne peut que signifier qu’il a reçu des garanties pour sa sécurité, mais aussi et surtout quant à l’orientation politique que le nouveau régime souhaite prendre.

Une orientation qui ne semble pouvoir aller que vers une démocratisation et d’avantage de libertés publiques. Mohamed Ould Ghazouni est certes un militaire, mais c’est également un homme pragmatique, qui jouit globalement de la réputation d’être une personnalité intègre et soucieuse de défendre au mieux les intérêts de son pays.

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