Après la mission menée par l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, c’est au tour des chefs d’État de la CEDEAO d’essuyer un échec dans la tentative de médiation au Mali. Le M5-RFP, qui réclame la démission du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK), estime que leurs « conclusions ne tiennent pas compte de la profondeur et de la gravité de la crise sociopolitique qui hypothèque l’avenir du Mali ».

La crise au-délà d’un « simple contentieux électoral »

L’opposition malienne a rejeté mardi le plan proposé la veille par les pays d’Afrique de l’Ouest pour tenter de mettre fin à la crise politique au Mali. « Le M5-RFP constate avec regret que les conclusions du Sommet des Chefs d’Etat ne tiennent pas compte de la profondeur et de la gravité de la crise sociopolitique qui hypothèque l’avenir du Mali », déplore le mouvement mené par l’influent Imam Mahmoud Dicko. La coalition « exige plus que jamais » la démission du président IBK et « s’étonne » que les dirigeants ouest-africains continuent de ramener la crise à un « simple contentieux électoral ».

En effet, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) accuse le pouvoir de corruption et de mauvaise gouvernance. Il se dit par ailleurs exaspéré depuis des années par l’instabilité sécuritaire dans le centre et le nord du pays, ainsi que le marasme économique. A ces causes lointaines, s’est ajouté récemment le contentieux électoral. Lors des élections législatives de mars et avril dernier, la Cour constitutionnelle a injustement attribué une trentaine de victoires au RPM, parti au pouvoir. Une décision qui a précipité la révolte populaire.

Le M5-RFP campe sur ses revendications 

Après une première manifestation sans heurts le 5 juin 2020, la coalition de l’opposition a haussé le ton les 10 et 11 juillet. Des affrontements avec la police à Bamako ont coûté la vie à 14 manifestants selon les calculs des Nations unies. Depuis ce drame, le M5-RFP campe sur ses revendications : la démission du président IBK et de son premier ministre Boubou Cissé, la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale et la dissolution des institutions de la République (Assemblée nationale et Cour constitutionnelle).

A l’issue de leur sommet virtuel, le lundi 27 juillet, cinq chefs d’État de la CEDEAO (Muhammadu Buhari, Mahamadou Issoufou, Alassane Ouattara, Nana Akufo-Addo et Macky Sall) ont établi un plan de sortie de crise qui recommande la démission des 31 députés dont l’élection a été contestée et l’organisation de nouveaux scrutins partiels. Ils prônent également la formation d’un gouvernement d’union nationale au sein duquel serait représenté le M5-RFP. Ils réclament enfin une enquête sur les morts survenues lors de manifestations contre le pouvoir.

La trentaine de députés indexés disent niet

Les cinq chefs d’Etat ont surtout prévu un régime de sanctions « contre ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation ». Mais, l’opposition a déjà rejeté ses propositions. Pis, les 31 députés, dont l’élection est contestée, ont annoncé qu’ils refusaient de démissionner comme le leur ont demandé les dirigeants ouest-africains. « Nous nous sommes concertés et nous n’allons pas démissionner. Notre constitution est violée par la déclaration de la CEDEAO », a déclaré le député Gougnon Coulibaly de l’Union pour la république et la démocratie (URD), principal parti d’opposition.

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